En hommage à Albert Camus, Roger Grenier et ...

.... quelques uns de leur environnement

SOIREE PAROLES D’ENCRE DU 26 MARS 2016 CONSACREE A ALBERT CAMUS 

L'association Paroles d'encre, située à Versailles, fondée par Alain et Martine Gottvallès, organisait des rencontres autour d'écrivains et de leur oeuvres. 

En présence de Roger Grenier, Eugène Kouchkine, Virgil Tanase, Aurèle Cariè. 

Interview enregistrée de  Jean-Claude Brisville

Ce soir là, l’encre noire ne s’est pas métamorphosée. Non. Elle s’est transfigurée. En homme. J’insiste sur le paradoxe : transfigurée en être humain. Dans sa grandeur et ses limites, sa simplicité et sa complexité. Ces écrivains qui ont connu, côtoyé, aimé Camus, nous l’ont fait découvrir, imprégné(s) de leurs combats pour la démocratie et contre le nazisme, de l’amour qui circulait vis-à-vis de Camus et entre eux, de leur honnêteté, de leur foi en la vie et du recul, fruit de leur expérience et de leur connaissance. Sans souci des formules attractives, brillantes ou frappantes mais à partir de ce qu’ils sont.

La soirée a commencé avec émotion : la voix de Camus lorsqu’il reçût le prix Nobel. Exigence :  « l’écrivain n’est pas au service de ceux qui font l’histoire mais de ceux qui la subissent. » Jean-Claude Brisville, présent par la voix et l’image, parle de sa relation à Camus : « Il y avait chez lui une sorte de chaleur qui se transformait en lumière. »

Mise en perspective avec les figures de l’existentialisme, de moments de littérature russe. Enonciation de la révolte (nécessaire et pacifiste), affirmation de l’absurde (l’insoluble césure, parenté avec le moi divisé de la psychanalyse?), recherche d’amour et de liberté, rejet du culte marxiste et hégelien de l’histoire. Mes souvenirs me font défaut pour énoncer correctement la totalité de ce qui fût apporté.

Il en reste un moment que l’on ne peut oublier, nutritif, trait d’union pour moi, entre une jeunesse fortement marquée par Camus - mais aussi comme lui produit de notre histoire - et cette vie actuelle de refondation douloureuse d’un autre mode d’être humain, y compris cet appel des évolutions climatiques à une ré-volte[1] dans nos pratiques.

Sans doute n’avons nous su capter de lui que ce qui nous arrangeait, nous et nos aînés, après tant d’horreur, excluant tout ce qui gênait le besoin d’idéal de l’époque. Idéal probablement mû par la nécessité d’occulter ou adoucir les terribles clivages véhiculés par la Shoah et leurs conséquences. 

Jean Ferrat nous a quittés  voici quelques années. Quel dialogue aurait pu surgir entre Camus, auteur du Premier homme et animateur de Combat et Ferrat, auteur et chanteur du « Bilan » ?


 

[1] Cette formulation de la révolte ne m’appartient pas mais est celle de Julia Kristeva, en parlant ou écrivant dans ses séminaires et livres sur les « Pouvoirs et limites de la psychanalyse » dans les années 1997 à 1999.